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Image  Le 71e Congrès de l’Ordre des experts-comptables est le premier à se tenir hors de France

71e Congrès de l’Ordre des experts-comptables : le conseil c’est l’avenir !

Affaires - Fiscalité des entreprises
01/10/2016
Le 71e Congrès de l’Ordre des experts-comptables, qui s’est clôturé le 30 septembre à Bruxelles, a réuni pendant trois jours 5 000 congressistes, dont 1 600 Belges, autour du thème « Expert-comptable, expert fiscal : les missions de demain à l’heure européenne ».
Premier congrès à se tenir hors des frontières de l’Hexagone, et très symboliquement à Bruxelles, cet événement rituel de la profession du chiffre a donc pris une dimension européenne, voire mondiale, comme l’a souligné Philippe Arraou, actuel président du Conseil supérieur de l’Ordre des experts-comptables (CSOEC) : il a réuni des représentants de nombreuses institutions, européennes comme l’EFRAG (European financial reporting advisory group), mais aussi internationales comme l’IFAC (International federation of accountants).

Néanmoins, cette année encore, il s’agissait finalement de répondre à l’éternelle question « quel avenir pour la profession ? », en la plaçant dans un contexte de réforme européenne de l'audit, mais aussi et surtout de digitalisation croissante du métier.
À ce titre, et ce n’est pas anodin, une table ronde de la conférence de clôture a été consacrée à « La vision des éditeurs sur l’avenir de la profession ». Ceux qui fournissent les principaux outils ont ainsi pu s’exprimer : Jean-Michel Aulas, président de Cegid, Stephen Kelly, président de Sage et Erik van der Meijden, président d’Exact, ont chacun fait montre d'optimisme pour le futur.

Un avenir plein de promesses

L'automatisation des missions de base (tenue des comptes) et la digitalisation des échanges comptables et fiscaux, ne doivent pas être vécues par les professionnels comme une menace pour leur métier, mais bien comme une formidable opportunité de renforcer leur relation avec les clients (l'utilisateur final des solutions) : plus de conseil, pour un meilleur accompagnement dans le développement de leurs entreprises, notamment à l'international. Une (r)évolution que Philippe Arraou aime à résumer ainsi : "De plus en plus experts et de moins en moins comptables".
Il s'agit d'endosser véritablement un rôle de "business coach" − pour reprendre les termes d'Erik van der Meijden − dans lequel ils seront légitimes grâce à la relation de confiance qu'ils entretiennent avec leurs clients. Ne sont-ils par tiers de confiance depuis plusieurs années, et cela grâce à une vraie déontologie.

Penser global

À l'instar des éditeurs, les représentants des différentes institutions se sont également montrés résolument optimistes et confiants dans l'avenir, prédisant même "a bright future" (NDLR : un futur brillant).
Olivia Kirtley, présidente de l'IFAC, tout comme Sylvie Goulard, députée européenne, membre titulaire de la commission des affaires économiques et monétaires (ECON), ont insisté, sur la nécessité d'adopter une approche globale de la réglementation, et non plus nationale ou même européenne : l'Union européenne (UE) doit tenir sa place et faire entendre sa voix au niveau mondial. Et cela d'autant plus qu'elle a fait le choix ne pas édicter ses propres normes comptables, et d'appliquer les normes IFRS élaborées par l'IASB (International accounting standards board), en se gardant la possibilité d'arbitrer. Il est donc important de peser au niveau international. Or en Europe, les rôles sont fragmentés entre plusieurs acteurs (EFRAG, etc.) : pour Olivier Guersent, directeur général de la Direction générale Stabilité financière, Services financiers et Union des marchés de capitaux de l'UE, il faut impérativement parler d'une seule voix et être en position de refuser une norme IFRS qui ne nous convient pas, et pour la remplacer par une autre norme ("carve in").

À noter qu'à l'échelle européenne, Denis Lesprit, président de la Compagnie nationale des commissaires aux comptes (CNCC), a fait part de son mécontentement à propos de la récente réforme de l'audit : même s'il juge "louable" la volonté d'harmonisation au sein de l'Union européenne, chaque pays a , selon lui, ses spécificités, et les nouveaux seuils d'intervention lui semblent "inadaptés" au marché français.

Ne pas oublier l'humain

Revenant sur la digitalisation, Denis Lesprit a tenu à rappeler que les robots ne fournissent que des données et que l'"humanitude", un terme qu'il se plait à employer, conserve toute sa place : seul un humain, le professionnel du chiffre, peut analyser les données fournies par les logiciels et faire un diagnostic pour assurer la sécurité financière des entreprises. "L'humain a l'avenir devant lui" !
De son côté, Philippe Arraou a rappelé que le gouvernement compte depuis des années déjà sur les experts-comptables pour accompagner les petites et moyennes entreprises (PME) dont ils sont les conseillers privilégiés, dans la transition numérique (dématérialisation des déclarations fiscales et comptables), et la mise en oeuvre des réformes fiscales. La première mission de conseil de la profession est fiscale et c'est une "mission d'éternité".
À ce titre, Pierre Moscovici, commissaire européen aux Affaires économiques et financières, à la Fiscalité et à l'Union douanière, a reçu le 28 septembre, jour de l'ouverture du congrès, des propositions de réforme et d'adaptation de la fiscalité européenne, pour assurer une meilleure convergence.

Vers une fusion des institutions françaises

Sujet tabou, ou à tout le moins polémique depuis des années, le rapprochement des deux institutions de la profession − CNCC d'une part, CSOEC d'autre part − a été abordé par leurs deux présidents actuels.
Si Denis Lesprit est resté vague et n'a parlé que de "frères siamois" de par leur diplôme, appartenant à une "seule et même famille", Philippe Arraou n'a pas hésité à se dire ouvertement favorable au rapprochement des deux professions, avec cependant une réserve : celui-ci ne doit pas se traduire par l'absorption d'une institution par l'autre. Il faut selon lui "repenser le modèle" et la profession comptable lui semble désormais "mûre pour aborder le sujet sereinement".
 
Source : Actualités du droit