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Investissement locatif : le nouveau statut du bailleur privé succède au Pinel

Fiscalité - Fiscalité
Immobilier - Immobilier
18/12/2025

Le paysage de l'investissement locatif en France s'apprête à connaître une transformation profonde. Le 14 novembre 2025, un amendement majeur au projet de loi de finances pour 2026 a été adopté par les parlementaires. Cette mesure vise à instaurer un nouveau statut fiscal du bailleur privé, destiné à prendre le relais du dispositif Pinel. Ce nouveau cadre juridique s’appliquerait aux investissements réalisés entre le 1er janvier 2026 et le 31 décembre 2028.

Un mécanisme fondé sur l'amortissement fiscal

Contrairement aux réductions d'impôt classiques, ce dispositif repose sur un mécanisme d'amortissement fiscal. Les propriétaires pourront déduire chaque année une fraction du prix d’acquisition du logement de leurs revenus imposables. Le texte prévoit des taux d’amortissement variant entre 3 % et 5,5 %, selon la nature du bien, qu'il soit neuf ou ancien.

Il est important de noter qu'un sous-amendement a encadré cet avantage : le plafonnement annuel de l’amortissement, initialement prévu à 10 000 euros, a été abaissé à 8 000 euros. Ce dispositif cible exclusivement la location nue de longue durée, excluant de fait les meublés de courte durée.

Des conditions d'éligibilité strictes

Pour bénéficier de ce régime de faveur, l'investisseur doit satisfaire à des exigences précises qui conditionnent la sécurité juridique de son opération :

  • L’engagement de location doit porter sur une durée minimale de 12 ans.
  • Le locataire ne doit avoir aucun lien familial avec le bailleur.
  • Les loyers sont encadrés par des plafonds conventionnels, inférieurs d'environ 15 % aux prix du marché.
  • Le logement doit impérativement respecter les dernières normes de performance énergétique.

Au-delà de l'amortissement, le législateur propose deux incitations de long terme particulièrement puissantes. Les biens concernés pourraient bénéficier d'une exonération d’Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI). De plus, une exonération totale de taxation sur la plus-value immobilière est prévue après un délai de détention de 20 ans.


L'indispensable vigilance face aux risques de contentieux

L'attrait fiscal ne doit pas masquer les réalités du marché. L’histoire des dispositifs précédents, tels que les régimes Scellier ou Pinel, a mis en lumière de nombreuses dérives. Les tribunaux français traitent régulièrement des dossiers liés à des pratiques commerciales trompeuses ou des manquements à l’obligation d’information et de conseil de la part des intermédiaires.

Les investisseurs s'exposent à des risques de surévaluation du prix d'achat ou à des simulations de rentabilité excessivement optimistes. Dans ce nouveau cadre, la durée d'engagement de 12 ans et le plafonnement des loyers constituent des contraintes fortes. Un montage financier inadapté peut rapidement conduire à une absence de rentabilité réelle, malgré l'avantage fiscal. La jurisprudence sanctionne sévèrement le dol lorsque des éléments essentiels de l'investissement ont été dissimulés pour provoquer le consentement de l'acheteur.

Il est donc impératif de vérifier la cohérence du prix avec le marché immobilier local et d'analyser la viabilité du projet indépendamment de la seule carotte fiscale. Ce statut n'est toutefois pas encore définitif. Son entrée en vigueur reste suspendue à l'adoption finale du budget 2026. Le texte peut encore subir des modifications parlementaires ou être censuré par le Conseil constitutionnel. Une veille attentive demeure de mise jusqu'à la publication de la loi au Journal officiel.